Anne Berest est venue à Loudun, mardi. Pas seule. Elle a fait la surprise de la présence de Lélia, sa mère, personnage de son roman « La Carte postale ».
C’est l’histoire d’une rencontre qui aurait pu ne pas se produire. Le Covid a fait reporter la venue d’Anne Berest, programmée en décembre. Mardi, un accident sur la ligne TGV a provoqué un important retard. Au lycée Guy-Chauvet, il a fallu rogner sur les temps de parole et expédier le déjeuner, afin que les représentants des treize lycées ayant décerné le Renaudot des lycéens, aient le temps de poser leurs questions, au Centre culturel.
Un peuple qui oublie son passé a-t-il un avenir ?En intensité, en émotion et en niveau des interventions, l’édition 2021 restera comme un cru d’exception. « Ce prix restera comme un grand cadeau, décerné par un jury incorruptible. Son annonce a fait vivre le livre, car les gens vous font confiance. Votre vote est celui du cœur, de l’intelligence, de la sincérité », a introduit Anne Berest, avant de se livrer au jeu des questions-réponses, mené par Claire Simon, conseillère culturelle académique. Lélia apportant les compléments d’informations qui s’imposaient.
Un peuple qui oublie son passé n’a pas d’avenir ? Cette rédaction a-elle changé votre rapport à l’humanité ? Les premières questions ramènent l’auteure à l’actualité et au destin tragique de ses aïeux : « Cette enquête a certainement une influence sur ma façon de regarder demain et d’élever mes enfants. Nous avons été insouciants, inconscients de penser que les guerres ne reviendraient pas. Notre avenir passe par la reconnaissance de notre passé. Avec la Shoah, nous nous sommes retrouvés sans passé, comme un arbre sans racine. La construction de l’Europe est un combat vital, la seule garantie de la paix », indiquent les deux invitées.
Au fil d’autres questions, on apprend que le roman, c’est 4 ans d’écriture pour Anne, 20 ans de recherches mises bout à bout par sa mère, qu’Anne écrit des scénarios pour le cinéma, qu’elle entretient son corps comme une sportive pour une écriture quotidienne, au réveil, ou quand ses filles sont à l’école. La place de la mère, des sœurs, d’une famille qui aime écrire, l’émotion et l’adhésion au roman de tous, l’enquête douloureuse sur le camp de Pithiviers ou d’Auschwitz, dont la restitution a fait pleurer plus d’un lecteur, l’écriture d’un roman sur sa famille des années 80, celle à 4 mains avec sa cadette, le pourquoi d’une fin abrupte du roman… La cloche de fin sonne.
Place aux dédicaces, puis à l’entretien avec la critique littéraire Marie Michaud, pour les adultes, avant un retour vers la capitale de deux dames exténuées mais soucieuses d’avoir convaincu leurs auditoires.